Après une flambée post-Covid de +28 % entre 2020 et 2023, le marché immobilier des stations de ski françaises montre une étonnante stabilité.
Contrairement au reste du territoire, où les prix ont reculé de 2,1 % en un an, ceux des stations de montagne n’ont baissé que de 0,2 % entre novembre 2023 et novembre 2024. Une résistance qui s’explique par un marché porté par des acquéreurs fortunés et une offre foncière de plus en plus limitée.
Pourquoi les stations résistent-elles mieux à la baisse ?
Selon Thomas Arnéodo, de la FNAIM, les résidences secondaires sont le moteur du marché en station, attirant des acheteurs disposant d’un fort pouvoir d’achat et moins dépendants des taux d’intérêt. Par ailleurs, le manque de foncier constructible et les restrictions environnementales limitent l’extension du parc immobilier, soutenant mécaniquement les prix.
Résultat : le prix moyen en station s’élève à 3 781 €/m², bien au-dessus de la moyenne nationale (2 981 €/m²). Les maisons y sont particulièrement chères, atteignant en moyenne 3 359 €/m² contre 2 327 €/m² ailleurs en France.
Des écarts de prix selon les massifs
Mais toutes les stations ne se valent pas. Les Alpes du Nord dominent le marché avec un prix moyen de 4 957 €/m², soit 2 000 € de plus que les Alpes du Sud (2 992 €/m²).
• Le Jura reste plus abordable à 2 651 €/m².
• Les Pyrénées, les Vosges et le Massif central affichent des prix entre 1 500 et 2 300 €/m², soit jusqu’à 2,5 fois moins que dans les Alpes.
Et les écarts continuent de se creuser : alors que les Alpes du Nord restent stables (+0,2 %) et que les Alpes du Sud progressent (+1,2 %), les Pyrénées, les Vosges et le Jura enregistrent des baisses allant jusqu’à -3,4 %.
L’altitude, un critère déterminant
Dans un même massif, plus on monte, plus les prix grimpent. La raréfaction de la neige à basse altitude renforce cette tendance.
• Dans les Alpes du Sud, les stations situées à moins de 1 500 m affichent un prix moyen de 2 315 €/m², contre 2 999 €/m² au-dessus de 2 000 m.
• Même phénomène dans les Pyrénées : 1 620 €/m² sous 1 250 m, contre 2 616 €/m² au-delà de 1 750 m.
• Dans le Jura, les prix passent de 2 073 €/m² en dessous de 900 m à 2 788 €/m² au-dessus de 1 100 m.
Les stations de haute altitude restent une valeur refuge pour les investisseurs, malgré une vacance locative estivale plus marquée. En hiver, leur taux de remplissage garantit un rendement brut pouvant atteindre 6 % par an.
Les stations les plus chères : le trio alpin en tête
Dans les Alpes du Nord, dopées par leur proximité avec la Suisse et l’Italie, trois stations se détachent :
1. Val d’Isère (1 850 m) : 15 605 €/m²
2. Courchevel : 12 785 €/m²
3. Méribel : 12 336 €/m²
À l’opposé, Les Bottières, à 1 300 m, plafonne à 2 739 €/m².
Les stations de basse altitude : une mutation nécessaire
Le réchauffement climatique fragilise les stations de moyenne altitude, certaines ayant déjà fermé (Grand Puy, Alpe du Grand Serre, Notre-Dame-du-Pré).
Mais tout n’est pas perdu : celles qui misent sur un modèle de « station-village » s’en sortent mieux. Aussois (1 490 m) en est l’exemple parfait : en développant des activités toute l’année, elle a vu ses prix grimper de +24,1 % en quatre ans, atteignant 3 913 €/m².
Moralité ? Si les stations de ski veulent rester attractives, elles doivent désormais séduire bien au-delà de l’hiver.